Billeterie en ligne
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et des plans de numérisation 2009 et 2010 du Ministère de la Culture

COMMERCIALE

de FATMI Mounir

FRANCE, 2004, 00:06:38

Production : FATMI Mounir
Genre : Art vidéo
Mots-clés : Allégorie, Performance, Société

Résumé :
Sorte de plan-séquence fixe, Commerciale pourrait être vue au premier abord comme la vidéo de surveillance de l’entrée d’un centre commercial. Des gens entrent et sortent, poussant les pales de verre de la porte tournante d’un de ces temples de la consommation saturant toutes les zones suburbaines du monde. Seuls, en couple, en promenade ou pressés, chariots vides ou pleins, mères et enfants, des centaines de clients tournent chaque jour cette porte à tambour, en un ballet implacable qui donne le tournis, et les effets de surimpression et de transparence ajoutent à cette impression de flux continu et indifférent, fantômatique.

Ce jour-là, certains remarquent qu’au centre de la porte a été placé un petit cube noir ceint d’une bande blanche, qui tourne avec elle chaque fois que que quelqu’un la pousse.
Ce petit cube noir, c’est une Kaâba. Réduite à sa plus simple expression minimaliste, elle a perdu le faste du brocart noir et de ses versets d’or brodé, et, d’une certaine manière, ce cube désacralisé aurait toujours pu faire partie de ce décor banal.

Depuis plus de treize siècles, des millions d’hommes se tournent chaque jour en direction de cet objet sacré, des milliers d’entre eux traversent le monde pour sept fois tourner autour de ce cube noir qui, débarrassé de ses anciennes idoles, manifeste l’unique et invisible présence divine.
En plaçant ce cube au centre de la porte à tambour, mounir fatmi en bouleverse radicalement l’investissement symbolique. Vidé de sa consistance spirituelle, devenu anonyme, il ne dirige ni n’oriente plus rien ni personne car il tourne sur lui-même. Ce n’est plus vers lui que l’on se tourne mais l’attention, la prière est projetée ailleurs, vers les rayonnages et têtes de gondole du supermarché, vers les chariots à remplir de nourritures terrestres. Le centre commercial est devenu un pèlerinage d’un autre genre, la consommation, une idole véritable.

Ce constat, aujourd’hui un  truisme, n’a pourtant rien de contemporain, et la présence de cette Kaâba est pour l’artiste une manière de souligner les liens constants dans l’histoire entre commerce et religion. Dans les temps préislamiques, La Mecque était le cœur du commerce oriental. La Kaâba polythéiste, en attirant en pèlerinage toutes les tribus arabes, permettait en même temps des échanges commerciaux qui faisaient de La Mecque le cœur d’une économie florissante. Aujourd’hui, plus de quatre  millions de musulmans entreprennent chaque année ce pèlerinage et cela implique une économie du rituel, parfois parallèle, aux bénéfices non négligeables. Alors cette kaâba à l’entrée d’un centre commercial pourrait tout aussi bien se faire objet promotionnel pour un voyage qui, pour être hautement spirituel, n’en exige pas moins que l’on vende, que l’on dépense, et que l’on consomme, encore.

Commerciale a été présentée dans le cadre de l’exposition « Comprendra bien qui comprendra le dernier », en 2004, au Centre d’Art contemporain Le Parvid d’Ibos.

Marie Deparis, Paris 2007

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Format d'origine : vidéo
Cadre : 4/3
Chromie : Couleur
Fiche technique : Sans paroles

Location : 100 euros

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